Comment Uniscop a transformé un savoir-faire unique en moteur de croissance
- François-Xavier Marin
- 4 sept.
- 3 min de lecture

Mission réalisée en partenariat avec l'IFRB Poitou-Charente
Je me souviens encore de mon arrivée sur le chantier d’Uniscop, ce matin d’avril 2024. Une école en construction, et au centre, un projet audacieux : enduire les murs en terre crue, directement avec la terre extraite du site.

L’entreprise, spécialisée dans la maçonnerie et la taille de pierre compte une quarantaine de salariés, tous associés (SCOP). Parmi eux, Jean-Étienne. Un tailleur de pierre, calme, précis, passionné par l’écoconstruction et qui avait appris les techniques de construction en terre crue il y a quelques mois… et qui les avait tellement perfectionnées qu’il avait fini par inventer son propre test de densité pour s’assurer que le mélange tienne parfaitement. C’est simple : sans lui, l’enduit terre n’existait pas vraiment chez Uniscop.
Le problème, c’est qu’un savoir-faire détenu par un seul homme, aussi talentueux soit-il, reste fragile. Et David, le dirigeant, en avait pleinement conscience. Son ambition était claire : positionner Uniscop comme un acteur incontournable de la construction en matériaux biosourcés, et notamment sur la terre crue. Mais il m’a dit cette phrase qui résumait tout : “Si Jean-Étienne est seul à maîtriser, on ne pourra jamais développer la terre crue comme on aimerait.”
La mise en œuvre
C’est là que j’interviens. Avec l’IFRB, nous avons passé une journée entière à décortiquer la méthode. Poser des questions, observer, faire décrire chaque geste. Nous avons mis en mots la fameuse “recette” de l’enduit, étape par étape. Puis, nous avons construit un parcours de formation directement sur chantier, un dispositif AFEST : référentiel de compétences, outils de suivi, fiches support.
Jean-Étienne, de son côté, a accepté un nouveau rôle : devenir formateur. Je l’ai accompagné à structurer son animation, à poser des questions réflexives, à évaluer. Ce n’est pas inné pour un professionnel de terrain, mais il a vite compris la valeur de ce cadre.

Le mois suivant, deux maçons se sont lancés. Sur le terrain, les mains dans la terre, Jean-Étienne à leurs côtés. Un apprentissage concret, efficace, ancré dans la réalité du chantier. Et semaine après semaine, il a vu l’autonomie grandir. Moins de deux mois plus tard, ils étaient capables de réaliser les enduits seuls, avec la qualité attendue.
Je me rappelle encore des mots de David : “Dans une salle de classe, on n’aurait jamais eu ça.”
Jean-Étienne, lui, m’a confié : “Le cadre nous a bien structurés. On a eu un bon rythme grâce à ça.”

Et Pauline, l’une des maçonnes formées : “C’était un vrai challenge, mais ça m’a permis de monter en compétence. Et surtout, je savais toujours où j’en étais.”
Le résultat
Au-delà de la transmission, Uniscop a renforcé son image. Deux nouveaux marchés remportés en quelques mois. Et surtout, un savoir-faire qui n’est plus la propriété d’un seul, mais la richesse de toute l’équipe.
C’est exactement ça, capitaliser une compétence. C’est transformer une fragilité en force collective, un savoir individuel en avantage compétitif.
Et je vous pose la question : dans votre entreprise, quel savoir-faire stratégique repose encore sur une seule personne ?
Pour en savoir plus, n'hésitez pas à regarder l'interview de David Decelle qui raconte son expérience AFEST avec l'IFRB.
Crédits photographiques : David Decelle – utilisées avec autorisation.




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